Depuis avril 2023, le Soudan traverse une guerre dévastatrice qui plonge des millions de personnes dans la misère. Dans certaines régions, les habitants n’ont plus rien à manger. La situation est si grave que certains en viennent à faire bouillir des plantes sauvages ou à manger des feuilles, juste pour survivre. D’autres, poussés par la faim, sucent même du charbon.
Dans ce pays autrefois surnommé le grenier de l’Afrique, plus de 24 millions de personnes sont aujourd’hui touchées par une grave crise alimentaire. Cela représente près de la moitié de la population soudanaise. Le conflit armé, les routes bloquées, les terres agricoles abandonnées ou détruites, tout cela rend l’accès à la nourriture extrêmement difficile.
Selon Leni Kinzli, porte-parole du Programme alimentaire mondial, certains Soudanais n’ont d’autre choix que de consommer des restes de nourriture ou des coquilles d’arachide, normalement réservées aux animaux. “C’est une question de survie”, dit-elle.
Les zones les plus touchées se trouvent notamment au Darfour, dans les monts Nouba ou encore au Kordofan. Dans ces régions, il devient impossible pour les humanitaires d’atteindre les camps de réfugiés comme Zamzam ou El Fasher, où des milliers de familles vivent sans eau potable, ni médicaments, ni nourriture.
Dans le nord du Darfour, certaines personnes doivent se contenter d’un seul repas par jour : une simple bouillie de mil. D’autres n’ont même pas cette chance. Les prix sur les marchés sont devenus fous : un morceau de savon coûte l’équivalent de 17 dollars, et le sucre dépasse les 30 dollars.
Officiellement, selon le ministre soudanais de l’Agriculture, il n’y aurait pas de famine. Pourtant, 17 zones, dont Khartoum, sont aujourd’hui menacées selon les chiffres du PAM. Plus de 4 millions de personnes reçoivent une aide alimentaire chaque mois, dont 1,7 million dans des régions proches de la famine.
Mais les combats entre l’armée, les Forces de soutien rapide (RSF) et d’autres groupes rebelles comme le Mouvement populaire de libération du Nord rendent l’aide humanitaire presque impossible. Ces conflits empêchent l’acheminement de la nourriture, des soins, et même de l’eau potable.
Dans le camp d’El Serif, dans le sud du Darfour, près de 49 000 personnes déplacées survivent tant bien que mal. Depuis le début de la guerre, plus de 5 000 nouveaux réfugiés sont arrivés, fuyant notamment les violences à Khartoum.
Le camp de Zamzam, au nord d’El Fasher, est aujourd’hui l’un des endroits les plus touchés. Un humanitaire témoigne que des femmes enceintes, des enfants et des personnes âgées y meurent faute de soins et de nourriture. Mais il reste anonyme, craignant des représailles.
Ce qui se passe au Soudan est une urgence mondiale. Derrière les chiffres, ce sont des familles entières qui luttent chaque jour pour rester en vie.