Depuis le début du mois de juin, le paysage médiatique togolais connaît un nouveau tournant. Deux grandes chaînes publiques françaises, Radio France Internationale (RFI) et France 24, viennent d’être suspendues pour une période de trois mois. Cette décision, annoncée par la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HAAC), suscite de nombreuses réactions dans le pays.
Selon la HAAC, cette suspension est liée à des manquements répétés des deux médias en matière d’impartialité, de rigueur journalistique et de vérification des faits. L’organisme affirme que certaines émissions diffusées récemment ont relayé des informations jugées inexactes et biaisées. Toujours d’après le communiqué, ces contenus auraient porté atteinte à l’image du Togo et à la stabilité de ses institutions.
La HAAC insiste sur un point important : la liberté de la presse reste essentielle, mais elle ne doit pas devenir un outil de désinformation ou d’ingérence. Les autorités n’ont cependant pas précisé les reportages exacts ayant motivé cette décision, ce qui laisse place à diverses interprétations.
Cette mesure intervient dans un contexte politique particulièrement sensible. En effet, le président Faure Gnassingbé fait face à une vague de critiques depuis la révision récente de la Constitution. Ces changements pourraient lui permettre de se maintenir au pouvoir bien au-delà des mandats précédents. Pour beaucoup, il s’agirait d’un « coup d’État constitutionnel ».
Fabrice Petchez, président de l’Observatoire togolais des médias, a donné son avis sur la question. Il comprend les raisons évoquées, mais ne soutient pas la suspension des médias. Il appelle plutôt à un dialogue entre les autorités togolaises et les chaînes concernées, afin de trouver un terrain d’entente et de rétablir la liberté d’informer.
Ce climat de tension est également visible sur les réseaux sociaux, où les débats sont de plus en plus vifs. Des manifestations sont même prévues dans les prochains jours. Il faut rappeler que les manifestations sont interdites au Togo depuis 2022, à la suite d’un drame survenu au marché central de Lomé. Pourtant, certains citoyens semblent décidés à se faire entendre malgré les restrictions.
Enfin, ce type de décision alimente les inquiétudes dans une région de l’Afrique de l’Ouest déjà marquée par l’instabilité politique et les transitions forcées. Le cas du Togo soulève donc une question plus large : comment concilier liberté de la presse et respect des institutions dans un contexte aussi tendu ?