Tchad : Succès Masra suspend sa grève de la faim, la mobilisation continue

Depuis le 16 mai 2025, Succès Masra, opposant politique et ancien Premier ministre tchadien, est détenu. Face à cette situation, il avait entamé une grève de la faim pour protester contre son arrestation. Mais après environ une semaine de jeûne, il a finalement décidé d’y mettre un terme. La nouvelle a été rendue publique ce lundi par son collectif d’avocats.

Dans leur communiqué, ses défenseurs précisent que « le président Masra, bien que physiquement affaibli, reste combatif et déterminé ». La décision de suspendre sa grève aurait été prise après avis médical. En effet, selon son médecin personnel, certains traitements nécessaires à sa santé exigent un minimum d’alimentation.

Pendant ce temps, le soutien populaire ne faiblit pas. Samedi dernier, à N’Djamena, une vingtaine de militantes du parti Les Transformateurs, dirigé par Masra, ont organisé une manifestation choc. Elles sont descendues dans la rue en sous-vêtements, un geste fort pour demander sa libération et attirer l’attention sur sa détention.

Mais l’affaire Masra va bien au-delà d’un simple conflit politique. Le leader est accusé de plusieurs faits graves par la justice tchadienne : incitation à la haine, constitution de bandes armées, complicité d’assassinat, incendie volontaire et profanation de sépultures. Ces accusations font suite au massacre de Mandakao, une localité située dans le Logone-Occidental, où 42 personnes ont été tuées le 14 mai, principalement des femmes et des enfants. Les autorités pointent du doigt l’une de ses déclarations comme étant à l’origine de ces violences.

Originaire du sud du pays, une région majoritairement chrétienne et animiste, Succès Masra reste une figure populaire auprès de communautés qui se disent souvent mises à l’écart par le pouvoir en place. Le régime actuel, dirigé depuis N’Djamena, est dominé par les élites du nord, à majorité musulmane. Ce contexte régional et religieux alimente donc un climat de tensions.

Aujourd’hui, même si Masra a cessé sa grève, la procédure judiciaire suit son cours. Son camp reste mobilisé, et ses partisans continuent de réclamer sa libération immédiate. L’affaire est suivie de près, aussi bien à l’intérieur du pays qu’au niveau international, tant elle soulève des questions de justice, de liberté d’expression et de respect des droits humains au Tchad.

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