RDC : Pourquoi l’Ouganda renforce-t-il sa présence militaire en Ituri ?

RDC Pourquoi l’Ouganda renforce-t-il sa présence militaire en Ituri
Credit photo: lepotentiel.cd

Depuis quelques semaines, une forte tension s’installe dans la province de l’Ituri, à l’est de la République démocratique du Congo, suite au déploiement d’un important contingent militaire ougandais. Selon les informations communiquées par les Nations Unies, plus de 1 000 soldats ougandais auraient été envoyés dans les territoires de Mahagi et Djugu. Cette action militaire suscite de nombreuses interrogations, notamment en raison de l’absence d’accord formel avec le gouvernement congolais.

Initialement, l’Ouganda était engagé en RDC dans le cadre de l’opération conjointe Shujaa, une mission militaire lancée en 2021 entre les deux pays pour combattre les rebelles des ADF (Forces Démocratiques Alliées). Toutefois, cette récente extension militaire ne fait pas partie de cette coopération conjointe. Selon le rapport du Groupe d’experts de l’ONU, ces nouvelles incursions ont été menées sans l’autorisation officielle de Kinshasa.

Officiellement, l’Ouganda affirme vouloir renforcer la lutte contre le groupe armé CODECO (Coopérative pour le développement du Congo), responsable de nombreux massacres dans la région de l’Ituri. Mais plusieurs observateurs, y compris les experts onusiens, évoquent des motivations moins avouées.

Derrière cette présence militaire, certains soupçonnent des ambitions économiques et géopolitiques. L’Ituri est une région riche en ressources naturelles, notamment en or, minerais, pétrole et gaz, sans oublier son accès stratégique au lac Albert. Des intérêts liés aux contrats d’exploitation, aux échanges commerciaux transfrontaliers, et à l’extension de l’influence régionale de Kampala pourraient également expliquer ce déploiement.

À Bunia, chef-lieu de l’Ituri, la présence des troupes ougandaises suscite une vive inquiétude. L’armée congolaise, les autorités provinciales et une partie de la communauté Lendu considèrent cette intervention comme une menace directe. Cette tension rappelle les souvenirs douloureux des conflits passés entre les deux pays, et alimente une méfiance déjà bien ancrée dans la population locale.

Alors que la RDC tente de stabiliser cette zone fragile, l’arrivée de nouvelles forces étrangères sans coordination officielle pourrait compromettre les efforts de paix. Si la lutte contre les groupes armés est une priorité, elle doit être menée dans le respect de la souveraineté nationale et de la coopération régionale.


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