Procès P. Diddy : Le rappeur acquitté de «trafic sexuel» et «d’association de malfaiteurs»

Procès P. Diddy Le rappeur acquitté de «trafic sexuel» et «d’association de malfaiteurs»

Le rappeur P. Diddy a été acquitté des plus lourdes charges retenues contre lui – «trafic sexuel» et «association de malfaiteurs» – par le jury du tribunal fédéral de Manhattan ce mercredi 2 juillet, à l’issue d’un procès surmédiatisé qui s’est ouvert le 5 mai dernier à New York. Il a cependant été reconnu coupable de «transport à des fins de prostitution» envers deux ex-petites amies : la chanteuse Cassie et une femme qui a utilisé le pseudonyme «Jane». Ce crime implique le déplacement d’une personne d’un État à un autre selon le droit américain. Depuis son incarcération en septembre 2024, P. Diddy, Sean Combs de son vrai nom, plaidait non coupable et encourait la perpétuité. Le détail de sa peine sera décidé par un autre juge dans quelques jours. Aux États-Unis, les jurés se prononcent uniquement sur la culpabilité de l’accusé.

Dès l’annonce du verdict, le rappeur s’est tourné vers sa famille, a joint ses mains en signe de prière puis levé son poing droit vers le ciel, relate la presse américaine. «Merci, merci», a-t-il lancé aux jurés. Son avocat principal, Marc Agnifilo, a demandé «que son client soit libéré avant le prononcé de sa peine, maintenant qu’il n’est plus confronté à des accusations de trafic sexuel et de complot de racket – plus graves que celles pour lesquelles il a été condamné», rapporte le New York Times«Il s’agit de sa première condamnation pour prostitution, il devrait donc être libéré sous conditions», a-t-il ajouté. Alors que la défense a réclamé une caution d’un million de dollars, l’accusation s’est fermement opposée à la libération du producteur.

P. Diddy était poursuivi pour avoir forcé des femmes – dont sa petite amie de 2007 à 2018, la chanteuse Cassie, et sa dernière compagne en date «Jane» – à se livrer aux «Freak offs», des marathons sexuels avec des hommes prostitués, pendant lesquels il se masturbait ou filmait. D’après l’acte d’accusation, le fondateur du puissant label Bad Boy Records aurait «soumis ses victimes à des violences physiques, psychologiques et verbales» pour les forcer à participer à des soirées sexuelles sous l’empire de la drogue. Pour ce faire, le producteur de 55 ans se serait servi de son empire musical, «ses employés, ses ressources et son influence (…) créant ainsi une entreprise criminelle dont les membres se sont livrés (…) à la traite à des fins sexuelles, au travail forcé, aux enlèvements, à la corruption et à l’entrave à la justice».

Sous l’empire de la drogue

Durant les deux mois du procès, les 12 jurés ont entendu une trentaine de témoins, épluché des milliers de pages de retranscription de conversations téléphoniques ou d’échanges de SMS ainsi que des documents financiers afin de se prononcer sur le sort de P. Diddy. Les avocats de la défense ont cherché à discréditer la parole des victimes présumées, avançant qu’elles étaient consentantes. «Il ne s’agissait absolument pas de choix libres», a rétorqué dans son réquisitoire la procureure Christy Slavik, précisant que les victimes présumées «étaient droguées, badigeonnées d’huile (pour bébé, NDLR) , épuisées et avaient mal».

Lors de sa prise de parole très attendue dès la deuxième semaine du procès, la chanteuse Cassie, enceinte de huit mois, a expliqué s’être sentie «humiliée» durant ces «Freak offs»«Ce n’était pas quelque chose que je voulais faire, surtout avec la régularité que cela prenait (…) Je me sentais dégoûtante», a-t-elle confié à la barre, parfois en pleurs. Elle a également raconté avoir consommé des opiacés – dont elle dit être devenue addict – afin de se dissocier d’elle-même : «Cela me permettait d’être insensible, c’est pour ça que j’en consommais tant (…) c’était une sorte de fuite.» La dernière petite amie en date de Diddy, Jane, est elle aussi devenue accro. Un jour, elle a tenté de rester sobre durant l’un des marathons sexuels mais a été prise de vomissement, trop «révulsée»  par les actes que son petit ami lui demandait de réaliser.

P. Diddy «n’acceptait pas le “non” comme une réponse possible», a insisté la procureure Christy Slavik avant de souligner le contrôle qu’il exerçait sur Cassie, dont il menaçait d’entacher sa réputation. La chanteuse a expliqué avoir eu peur de décliner ses demandes. «C’était quelqu’un d’effrayant (…) Il avait beaucoup de ressources», notamment la menace de diffuser des vidéos sexuelles compromettantes, a-t-elle ajouté. Jane, quant à elle, était devenue financièrement dépendante du rappeur qui payait son loyer. Les deux femmes ont par ailleurs fait le récit de scène de violences dont elles ont été victimes, laissant des traces sur leur corps. Des faits en partie reconnus par les avocats du rappeur.

Restées par amour ?

Ces derniers ont tout de même tenté de semer un doute raisonnable chez les membres du jury. Leur stratégie : prouver que les ex-compagnes de Diddy sont restées auprès de lui par amour. «Elle (Cassie) a toujours été libre de partir. Elle avait choisi de rester parce qu’elle était amoureuse de lui et qu’il était amoureux d’elle (…), elle aime le sexe et grand bien lui fasse», a plaidé Marc Agnifilo. La défense s’est appuyée sur des SMS échangés entre Diddy et ses ex-petites copines.

«J’étais amoureuse et je voulais le rendre heureux. À un moment donné, j’ai senti que je n’avais pas vraiment le choix», a reconnu Cassie. À l’époque où elle a rencontré le géant du hip-hop américain, elle n’avait que 19 ans et était animée par le rêve de devenir chanteuse de R&B. «C’était juste un type passionnant, divertissant, amusant – qui avait aussi, vous savez, ma carrière entre ses mains», a-t-elle justifié.

Les avocats de Diddy ont également cherché à normaliser son mode de vie échangiste et «polyamoureux» qui ne tombe pas sous le coup du droit pénal. «J’ai l’impression que c’est une pratique courante de nos jours», a déclaré l’avocat de Combs, Agnifilo lors de sa plaidoirie. Pourtant, la défense s’est contentée des contre-interrogatoires des témoins de l’accusation pour prouver l’innocence du producteur. Cela pourrait également signifier qu’elle n’a pas pu identifier des acteurs susceptibles d’aider la version de Diddy. Ce dernier n’a d’ailleurs pas souhaité s’exprimer devant les jurés.

Secouer l’industrie musicale

Au-delà des faits, le procès de P. Diddy a passionné la presse et les foules en raison des secousses qu’il pouvait engendrer dans l’industrie musicale. Le scandale de Sean Combs a en effet largement été comparé à celui d’Harvey Weinstein dans le milieu du cinéma. Entre les années 1990 et 2000, Diddy était considéré comme le Gatsby des temps modernes, connu pour ses soirées blanches qui rassemblaient les célébrités les plus en vogue du moment. Les noms de plusieurs personnalités, prétendument associés au scandale, ont fuité. À l’instar de Jay-Z visé par une plainte en décembre déposée par une femme, mineure à l’époque des faits. Elle l’accusait lui, ainsi que Diddy, de l’avoir violée à tour de rôle lors d’une «after party» après les MTV Video Music Awards en 2000. La plaignante a finalement retiré sa plainte deux mois plus tard et l’affaire n’a pas été évoquée au tribunal.

Tout compte fait, une seule célébrité a été mentionnée durant le procès : celui du rappeur Kid Cudi, qui entretenait une relation secrète avec Cassie. Invitée à témoigner à la barre, l’ancienne assistante de P. Diddy, Capricorn Clark, a décrit l’environnement ultra-violent dans lequel elle travaillait. Le matin du 22 décembre 2011, son patron venait d’apprendre la tromperie et s’est rendu au domicile de Capricorn Clark, une arme à la main, et lui a demandé de l’accompagner «tuer» Kid Cudi. Ce dernier s’est exprimé au tribunal et a affirmé que P. Diddy s’était introduit à son domicile pour incendier sa voiture à l’aide d’un cocktail molotov.

Le rappeur Kanye West, désormais seul soutien public de P. Diddy, a fait une apparition surprise au procès à la mi-juin. L’ex-mari de Kim Kardashian n’a pas témoigné, il s’était simplement installé dans une salle adjacente à celle du tribunal où il a suivi les débats. Pour l’heure, aucune personnalité n’a réagi au verdict du procès.

Source : Le Figaro


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