Au cœur du sud-est du Maroc, dans la petite ville de Taznakht, un art ancestral continue de vivre entre les mains habiles des femmes. Ici, le tapis Ouaouzguit n’est pas qu’un simple objet de décoration. Il raconte une histoire, transmet une tradition, et surtout, porte l’âme d’un peuple.
Ce tapis est originaire des tribus berbères Aït Ouaouzguit. Pendant longtemps, il n’était ni vendu ni acheté. Il avait une valeur symbolique forte. Il pouvait annoncer un mariage, transmettre une émotion ou marquer un événement important de la vie. Chaque détail, chaque motif et chaque couleur avaient un sens profond. Le tapis devenait alors un langage, une manière pour les femmes de s’exprimer sans parler.
Selon Abderrahmane Janah, directeur du Centre des femmes pour la promotion du tapis de Taznakht : « Ce tapis ne s’achetait pas, ne se vendait pas. Il servait à annoncer un mariage ou à exprimer une émotion, à travers les formes et les couleurs choisies. »
La fabrication de ces tapis suit un processus respectueux des traditions. La laine est prélevée sur les moutons élevés dans les montagnes du Sirwa. Ensuite, elle est teinte naturellement, à l’aide de plantes locales comme le henné, le safran, la grenade ou encore l’indigo. Rien n’est laissé au hasard. Chaque geste, chaque fil tissé, chaque symbole raconte une histoire, un message, un héritage transmis de génération en génération.
Cependant, cet art risquait de disparaître. Les difficultés économiques, le manque de reconnaissance et la modernisation menaçaient cette richesse culturelle. C’est là qu’interviennent les coopératives artisanales. Grâce à elles, les femmes de Taznakht ont pu retrouver espoir et confiance en leur savoir-faire.
Naima Akhraze, artisane, explique :
« Grâce à la coopérative, nous ne vendons plus nos tapis à perte sur les marchés locaux. Aujourd’hui, nous touchons directement les clients, notamment les touristes. »
En 2016, un grand pas a été franchi avec la création du Centre de promotion du tapis de Taznakht. Ce centre regroupe aujourd’hui 35 coopératives et rassemble plus de 3 500 femmes. Ensemble, elles produisent près de 300 tapis par mois, tout en protégeant un artisanat fragile.
Mais ce centre ne fait pas que préserver un savoir-faire. Il offre aussi aux femmes une autonomie financière et une reconnaissance sociale. Grâce à leur travail, elles contribuent au développement local et deviennent actrices de leur avenir.
À Taznakht, le tapis Ouaouzguit est bien plus qu’un objet. Il est le reflet d’une culture, d’une histoire, et surtout, d’un combat quotidien pour garder vivante une tradition précieuse.
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