Mali : un pouvoir militaire renforcé, la démocratie encore repoussée

La promesse d’un retour à l’ordre démocratique au Mali semble désormais bien lointaine. Le général Assimi Goïta, à la tête du pays depuis les doubles coups d’État de 2020 et 2021, vient de recevoir un mandat présidentiel de cinq ans, renouvelable sans limite, selon une loi adoptée récemment par le Parlement de transition.

Ce mandat ne résulte pas d’une élection présidentielle, comme l’exigerait une gouvernance démocratique, mais plutôt d’un vote parlementaire favorable à la junte. Une loi qui, selon ses détracteurs, consacre un recul net des libertés publiques dans ce pays d’Afrique de l’Ouest déjà en proie à de nombreuses crises.

Le texte adopté par les autorités de transition stipule que le mandat du chef de l’État pourra être prolongé « autant de fois que nécessaire », et cela jusqu’à ce que le Mali soit jugé totalement « pacifié ». Cette condition reste floue et subjective, dans un contexte où les violences liées aux groupes armés persistent dans le centre et le nord du pays.

Cette loi devrait être prochainement promulguée par Assimi Goïta lui-même, ce qui ne serait qu’une formalité, estiment plusieurs analystes politiques maliens. L’absence de contre-pouvoirs et le climat de répression rendent improbable toute opposition institutionnelle à cette décision.

Cette mesure s’inscrit dans une série d’actions entreprises par la junte pour consolider son pouvoir. Depuis plusieurs mois, les autorités de transition multiplient les décisions restrictives : suspension des partis politiques, interdiction des activités à caractère politique, limitation des libertés d’expression et de manifestation.

Ces décisions ont été largement dénoncées par des organisations de défense des droits humains et par une partie de la société civile malienne, qui y voient une dérive autoritaire inquiétante. Le paysage politique malien est désormais réduit au silence, et la presse locale n’est plus en mesure de couvrir librement les décisions du régime.

Initialement, les autorités militaires avaient promis de céder le pouvoir à un régime civil élu. Cette transition démocratique devait marquer une nouvelle ère pour le Mali. Mais à mesure que les années passent, les engagements pris semblent s’effacer. L’absence de calendrier électoral crédible alimente le scepticisme de la population et de la communauté internationale.

Dans un pays déjà fragilisé par les conflits armés, la pauvreté, et l’isolement diplomatique, cette consolidation du pouvoir par la junte risque d’enfoncer davantage le Mali dans une impasse politique.


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