Le 4 juillet, une marée humaine s’est réunie à Kokwanyo, dans le comté de Homa Bay, pour dire adieu à Albert Ojwang, un jeune blogueur kényan de 31 ans, dont la mort en détention soulève de nombreuses interrogations. Loin d’un simple adieu, cet événement est devenu un moment fort de mobilisation contre les violences policières, qui continuent de faire des ravages au Kenya.
Albert Ojwang, étudiant en droit et voix montante sur les réseaux sociaux, s’était fait remarquer par ses prises de position critiques vis-à-vis du pouvoir en place. Son arrestation brutale, le 6 juin, et sa mort suspecte deux jours plus tard, ont provoqué un choc national. Officiellement, la police a parlé d’un suicide en cellule. Mais la vérité semble toute autre.
Le 11 juin, une autopsie indépendante réalisée à Nairobi a révélé l’ampleur des violences subies. Le rapport médical évoque des hématomes multiples, une fracture du crâne et des traces de strangulation. En clair, les blessures sont incompatibles avec un simple choc accidentel. Pour ses proches, il ne fait aucun doute : Albert a été victime de tortures.
« Je l’ai confié à Dieu, je veux croire qu’il est maintenant en paix », a déclaré, ému, Meshak Ojwang, le père du défunt.
Son ami, Abna Ngumi, a exprimé la détermination de la jeunesse militante : « Il n’y aura pas de repos tant que justice ne sera pas rendue. Le 7 juillet sera un jour de mobilisation pour Albert Ojwang. »
À Nairobi, une manifestation en hommage à Ojwang a viré au drame. Boniface Kariuki, 22 ans, a été tué par balle lors de cette marche pacifique. Un acte qui a ravivé les tensions et renforcé l’indignation. Des agents de police ont été suspendus, et le président William Ruto, jusque-là silencieux, a finalement admis la responsabilité de la police, parlant de faits « inacceptables ».
Le député Babu Owino, figure de l’opposition, a dénoncé avec fermeté les abus : « La police doit protéger les citoyens, pas les tuer. Les coupables doivent être jugés et condamnés comme tout criminel. »
Ce drame vient rallumer le débat sur les brutalités policières au Kenya, un phénomène malheureusement récurrent. En 2023, plusieurs militants ont été tués ou portés disparus lors de manifestations contre les hausses d’impôts. Malgré les discours officiels sur la réforme des forces de l’ordre, les exactions continuent.
La mort d’Albert Ojwang dépasse le cadre d’un simple fait divers. Elle incarne la fragilité de la démocratie face aux abus de pouvoir, mais aussi la résilience d’une jeunesse décidée à se faire entendre. Son nom rejoint désormais la liste, trop longue, de ceux qui sont tombés en défendant la liberté d’expression au Kenya.Ce drame pourrait marquer un tournant. Reste à voir si les autorités tiendront enfin parole.
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