Ce lundi, un événement diplomatique important se tient à Paris. Le président Emmanuel Macron accueille son homologue malgache Andry Rajoelina pour une rencontre officielle. Leur objectif : discuter de l’avenir des Îles Éparses, un petit archipel perdu dans l’océan Indien, mais au cœur d’un litige vieux de plusieurs décennies.
Depuis les années 1970, Madagascar revendique la souveraineté de ces cinq îlots inhabités. Aujourd’hui administrées par la France, ces terres sont au centre d’une tension diplomatique entre les deux pays. Cette rencontre marque la reprise d’un dialogue suspendu depuis 2019, à travers une commission bilatérale spécialement dédiée à ce dossier.
Mais pourquoi autant d’intérêt pour quelques morceaux de terre perdus au milieu de l’océan ? En réalité, les Îles Éparses sont bien plus précieuses qu’elles n’en ont l’air.
Les cinq îlots — Europa, Bassas da India, Juan de Nova, Glorieuses et Tromelin — sont tous inhabités. Pourtant, ils couvrent une surface maritime impressionnante. En effet, chacun d’eux dispose d’une zone économique exclusive (ZEE) qui donne des droits sur les ressources naturelles marines dans un rayon de 200 milles nautiques.
Au total, cela représente plus de 640 000 km² d’eaux riches en poissons, mais aussi en ressources sous-marines comme le gaz ou le pétrole. Cette richesse naturelle est au cœur des enjeux entre les deux pays.
Mais l’intérêt n’est pas seulement économique. Les Îles Éparses sont également de véritables réserves naturelles. Elles abritent une biodiversité exceptionnelle, ce qui leur donne aussi une forte valeur écologique. Cela renforce encore les arguments des deux parties pour revendiquer leur possession.
Historiquement, ces îles faisaient partie intégrante de Madagascar lorsque celui-ci était encore une colonie française (de 1896 à 1960). Cependant, juste avant l’indépendance, les autorités françaises ont séparé les Îles Éparses de l’administration malgache, les plaçant directement sous contrôle de Paris.
En 1979 et 1980, l’Assemblée générale des Nations unies a voté deux résolutions considérant cette séparation comme illégale. Elle a demandé à la France de rendre les îles à Madagascar, ce qui n’a jamais été appliqué.
Aujourd’hui, plus de 40 ans plus tard, la question reste ouverte. Ce nouveau dialogue entre la France et Madagascar pourrait marquer une étape importante vers une solution pacifique.
Même si aucun accord immédiat n’est attendu, la relance des discussions montre une volonté de progresser. Pour Madagascar, c’est une opportunité de faire entendre sa voix. Pour la France, c’est l’occasion de réaffirmer sa position tout en ouvrant la porte à une coopération future.
Les prochains mois diront si ce nouveau dialogue portera ses fruits. En attendant, les Îles Éparses continuent de symboliser à la fois les cicatrices du passé et les espoirs d’une entente future.