Le 10 juillet 2025 marque un tournant dans les relations économiques entre l’Égypte et la Chine. Trois protocoles d’accord de coopération financière ont été signés entre les deux pays, renforçant ainsi un partenariat stratégique qui dure depuis près de 70 ans. Cette nouvelle alliance vise à dynamiser les échanges bilatéraux et à ancrer davantage la coopération sino-égyptienne dans une vision commune de développement durable.
Parmi les accords signés, un attire particulièrement l’attention. Il unit la Banque du Canal de Suez, la société chinoise China-Africa TEDA Investment, et CIPS, le système de paiement interbancaire transfrontalier chinois. Leur objectif commun ? Promouvoir l’utilisation du yuan chinois dans la Zone de Coopération Économique et Commerciale Chine-Égypte, située à proximité stratégique du canal de Suez.
Cette décision pourrait bouleverser les habitudes financières de la région. Utiliser le yuan au sein de cette zone spéciale permettrait de réduire la dépendance au dollar américain, de faciliter les échanges commerciaux avec la Chine et de stimuler les investissements étrangers. Une aubaine pour l’Égypte, en quête de stabilité monétaire et de diversification de ses partenaires économiques.
La zone industrielle en question s’inscrit dans la grande stratégie des Nouvelles Routes de la Soie (ou “Belt and Road Initiative”), lancée par la Chine. Ce projet colossal a pour but de relier l’Asie, l’Afrique et l’Europe à travers des infrastructures commerciales, logistiques et numériques.
En Égypte, cette ambition prend vie dans la zone TEDA Suez, aujourd’hui considérée comme un modèle de coopération industrielle sud-sud. Elle accueille actuellement 185 entreprises, actives notamment dans les secteurs de l’énergie, des matériaux de construction, de la pétrochimie et de la logistique.
Lors de la cérémonie de signature, le gouverneur de la Banque centrale d’Égypte, Hassan Abdalla, et son homologue chinois, Pan Gongsheng, ont insisté sur la nécessité d’augmenter le nombre de banques chinoises en Égypte et de banques égyptiennes en Chine. Cette mesure vise à renforcer les flux financiers bilatéraux, mais aussi à encourager davantage d’investissements conjoints.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, le commerce entre la Chine et l’Égypte a franchi la barre des 17 milliards de dollars. Une croissance qui témoigne de l’intérêt stratégique que représente l’Égypte pour la Chine, notamment en raison de sa position géographique unique à la croisée de trois continents.
L’adoption du yuan dans la zone de Suez n’est pas qu’un symbole monétaire : elle représente une volonté commune d’indépendance économique, de coopération équilibrée et d’intégration régionale réussie. L’Égypte semble plus que jamais prête à devenir un acteur central des échanges entre l’Orient et l’Occident.
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