Cameroun : Maurice Kamto, futur président du pays ? Pourra-t-il battre Paul Biya ?

Cameroun Maurice Kamto, futur président du pays Pourra-t-il battre Paul Biya

Yaoundé, 19 juillet 2025 — À moins de trois mois de l’élection présidentielle camerounaise prévue pour le 12 octobre 2025, l’opposant Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), intensifie sa campagne pour défier le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. À 71 ans, Kamto se positionne comme une alternative crédible face à Biya, âgé de 92 ans, dans un contexte politique marqué par des tensions croissantes et des défis économiques. Mais peut-il réellement mettre fin à plus de quatre décennies de règne de Biya ? Cet article explore les dynamiques actuelles, les obstacles et les perspectives de cette course électorale cruciale, basé sur les informations les plus récentes des dernières 24 heures.

Une candidature sous une nouvelle bannière

Maurice Kamto a officiellement déposé sa candidature à l’élection présidentielle le 27 juin 2025, sous l’égide d’une coalition réunissant le MRC, le MANIDEM, le Front pour le changement du Cameroun (FCC) et l’Alliance pour le progrès du Cameroun (APC). Dans une démarche stratégique, Kamto a annoncé le 25 juin sa démission de la présidence du MRC pour rejoindre le MANIDEM, une décision motivée par les contraintes légales camerounaises. En effet, la loi exige qu’un candidat à la présidence soit issu d’un parti ayant des représentants élus, une condition que le MRC ne remplit plus depuis la perte de son unique sénateur. En s’alliant au MANIDEM, Kamto contourne cet obstacle tout en consolidant une coalition d’opposition visant à fédérer les forces contre le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir.

Lors d’une conférence de presse tenue à Yaoundé le 19 juillet 2025, Kamto a réaffirmé sa détermination à « libérer le Cameroun » et à incarner une alternative à un régime qu’il accuse de « trahison » envers le peuple. Selon l’analyste Robert Moussy, cité dans des publications sur X, Kamto adopte une stratégie « chirurgicale », déconstruisant méthodiquement les failles du régime de Biya, notamment sur les questions de gouvernance et de transparence électorale.

Paul Biya : un pouvoir fragilisé mais tenace

À 92 ans, Paul Biya, le plus vieux chef d’État en exercice au monde, a confirmé le 13 juillet sa candidature pour un huitième mandat, une annonce qui a suscité des critiques acerbes sur les réseaux sociaux et dans les médias. Son parti, le RDPC, fait face à des dissensions internes, exacerbées par le départ de deux figures emblématiques, Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, qui ont rompu leur alliance avec Biya pour se présenter à l’élection. Ces défections affaiblissent l’unité du RDPC, déjà confronté à des tensions autour de la succession de Biya, dont l’état de santé suscite des spéculations persistantes.

Malgré ces défis, le RDPC reste une machine politique bien huilée, soutenue par des financements importants et un contrôle étroit des institutions électorales, notamment le Conseil constitutionnel, composé majoritairement de proches de Biya. Le parti bénéficie également d’un réseau de barons locaux, dont les contributions financières devraient, comme à l’accoutumée, jouer un rôle déterminant dans la campagne.

Les atouts de Kamto : mobilisation et diaspora

Maurice Kamto mise sur une forte mobilisation de la jeunesse et de la diaspora camerounaise pour renverser la donne. Lors d’un récent meeting à Paris le 31 mai 2025, il a promis de protéger Biya et sa famille en cas de victoire, une déclaration visant à rassurer tout en projetant une image de réconciliation. Il a également proposé la création d’une Agence nationale des Camerounais de l’étranger (ANCE) pour renforcer la représentation de la diaspora, un électorat clé souvent critique du régime actuel.

Sur les réseaux sociaux, Kamto bénéficie d’un soutien fervent. Des publications récentes sur X, notamment de comptes comme @L_Kmer237 et @youms237, décrivent Kamto comme « l’outil du peuple » pour une « renaissance » du Cameroun, reflétant un enthousiasme populaire, particulièrement parmi les jeunes. Ces derniers, confrontés à un chômage touchant jusqu’à 74 % et à une inflation de 5 % en 2024, expriment un ras-le-bol face à la cherté de la vie et à l’insuffisance des services publics.

Cependant, la popularité de Kamto sur les réseaux sociaux et dans les zones urbaines ne garantit pas un succès national. Comme le soulignait un analyste en 2018, les résultats électoraux dans les zones rurales, où le RDPC reste dominant, pourraient être moins favorables à l’opposition en raison d’un faible contrôle des bureaux de vote.

Les obstacles : un système électoral contesté

L’un des principaux défis pour Kamto réside dans le système électoral camerounais, souvent critiqué pour son manque de transparence. En 2018, Kamto avait dénoncé des « fraudes massives » après avoir revendiqué la victoire avec 39,74 % des voix contre 38,47 % pour Biya, selon ses propres décomptes. Le Conseil constitutionnel, acquis au pouvoir, avait validé la réélection de Biya avec 71,28 % des suffrages. Kamto a récemment saisi ce même Conseil pour contester l’état du corps électoral, accusant le gouvernement de manipuler le processus électoral.

De plus, la répression de l’opposition reste une réalité. Kamto a lui-même été détenu pendant neuf mois en 2019 après avoir contesté les résultats de 2018, accusé d’« insurrection ». Les organisations de défense des droits humains dénoncent une intensification de la répression à l’approche du scrutin, rendant la campagne de l’opposition particulièrement risquée.

Une opposition divisée, mais des alliances en cours

Malgré les efforts de Kamto pour fédérer l’opposition, la perspective d’une candidature unique face à Biya reste incertaine. Des figures comme Cabral Libii, Joshua Osih et Akere Muna sont également en lice, fragmentant potentiellement le vote anti-Biya. Cependant, les négociations pour un programme commun entre Kamto, Tchiroma Bakary et Bouba Maïgari progressent, bien que des tensions subsistent.

Le départ de Tchiroma et Bouba Maïgari du camp de Biya pourrait paradoxalement bénéficier à Kamto, en affaiblissant le RDPC dans le nord du pays, une région traditionnellement favorable au pouvoir. Toutefois, leur candidature risque de diviser davantage l’opposition, réduisant les chances d’une coalition unie.

Perspectives : une élection sous haute tension

À l’approche du 12 octobre, le Cameroun se trouve à un tournant. Paul Biya, malgré son âge et les critiques sur sa gouvernance, conserve un contrôle solide sur les institutions et les ressources financières. Maurice Kamto, fort de son charisme et de son discours de changement, galvanise une partie de la population, mais fait face à un système verrouillé et à une opposition fragmentée.

Les prochaines semaines seront cruciales pour Kamto, qui devra maintenir la mobilisation tout en surmontant les obstacles juridiques et sécuritaires. Si sa stratégie de coalition et son appel à la diaspora portent leurs fruits, il pourrait poser un défi sérieux à Biya. Cependant, sans une unification effective de l’opposition et des garanties de transparence électorale, la tâche s’annonce ardue.

Maurice Kamto incarne un espoir de changement pour de nombreux Camerounais, mais battre Paul Biya dans un système qu’il domine depuis 43 ans relève d’un défi colossal. Comme l’a écrit un internaute sur X, « l’heure est grave : le Cameroun est à la croisée des chemins ». Le scrutin d’octobre dira si Kamto peut transformer cet élan en victoire.


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