Au Cameroun, une atmosphère de tension et d’incertitude règne au sein du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), le parti au pouvoir depuis plus de quatre décennies. À quelques mois de l’élection présidentielle prévue en octobre prochain, les lignes bougent dangereusement au sein de la majorité, révélant des divisions jusque-là dissimulées.
Depuis plusieurs semaines, certains ministres et cadres influents du parti affichent ouvertement leurs désaccords sur une éventuelle nouvelle candidature du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. Une situation qui tranche radicalement avec la discipline rigide qui caractérisait autrefois le RDPC. Pour de nombreux observateurs, cette cacophonie politique reflète une perte de contrôle au sommet de l’État.
À Yaoundé, les habitants témoignent de leur désarroi face à cette situation. Jean, résident de la capitale, estime qu’il s’agit peut-être d’un calcul politique destiné à détourner l’attention du public : « Je pense que cela relève d’une tactique politique. Le RDPC est aujourd’hui en perte de vitesse, et cela se voit. »
Mais pour d’autres, cette crise est bien plus profonde. Yves Tuya, également résident de Yaoundé, ne mâche pas ses mots : « Le pays semble livré à lui-même. Le silence du président Biya ne fait qu’aggraver le désordre. On a l’impression qu’il n’y a plus de capitaine à la barre. »
Ce climat de division au sein du parti présidentiel est inédit depuis sa création. Selon plusieurs analystes politiques, cette fracture interne pose la question fondamentale de la légitimité du RDPC à incarner encore l’autorité politique du pays. Le manque de consensus entre les figures clés du parti – comme le ministre de la Communication René Emmanuel Sadi ou Jacques Fame Ndongo – rend la situation encore plus confuse pour les militants.
« Les responsables du parti ne savent plus comment parler aux Camerounais. Les contradictions internes sapent la crédibilité du RDPC », analyse Landry Atangana, politologue. Selon lui, trois facteurs majeurs expliquent cette crise : l’absence de ligne politique claire, le manque de succession préparée et la crainte d’un vide au sommet de l’État.
Le diagnostic est sans appel : le RDPC est en train de se fissurer, et cette fois-ci, la rupture semble irréversible. La dissidence n’est plus silencieuse, elle est devenue publique et assumée. De nombreux anciens alliés du parti cherchent désormais à se repositionner sur l’échiquier politique national, alors que l’opposition voit enfin une ouverture historique.
« Ce que nous vivons aujourd’hui, c’est le début d’une transition politique. Que cela plaise ou non, le système actuel est en train de s’effondrer. C’est l’opportunité pour l’opposition de proposer une véritable alternative », conclut Landry Atangana.
En octobre 2025, le Cameroun pourrait bien vivre un tournant décisif. Face à un parti au pouvoir affaibli et divisé, l’espoir d’un renouveau politique renaît timidement chez les citoyens.
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